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intègre, juste et honnête, il se servait dans ses opérations d’usure, d’un prête-nom, un sieur Scaptius qui vendait impitoyablement comme esclaves, selon la loi romaine, les débiteurs insolvables. Ainsi Brutus, par ce Scaptius, ayant prêté de l’argent à la ville de Salamine, y fit envoyer une troupe de cavalerie. Elle envahit la petite cité et mit à mort les magistrats qui voulaient établir leur incapacité de rembourser l’argent prêté. Le procédé donne le taux moral de Brutus.

Cicéron étant devenu Proconsul du pays peu après, Brutus, non encore payé, le pria alors d’opérer sur le même principe, et il lui écrivit une lettre insolente à ce propos. Cicéron n’obtempéra d’ailleurs pas.

Brutus fut enfin un ambitieux. À ce sujet je ne crois pas qu’un doute subsiste, quoi qu’en dise certains historiens qui le tiennent pour un amateur politicien, plus porté vers ses livres que vers les faveurs populaires. Je n’en veux pour preuve que les monnaies qu’il fit frapper à son nom et à son effigie, avant Pharsale, comme s’il espérait remplacer même Pompée dont il avait pourtant embrassé le parti. Plus jeune que Pompée de vingt-cinq ans, il nourrissait certainement des désirs secrets de dominer après lui. Caton de même, au demeurant… Comme la question est d’im-