Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220

plot. Était-il honnête et bon comme le veulent beaucoup d’historiens ? C’est douteux. Était-il sans volonté ? C’est très difficile à savoir. Cultivé et aimant la science, il s’attestait toutefois plein d’orgueil. Il se prétendait même descendant direct du vieux Brutus dont il affectait les mœurs rigides et le dévouement à l’État. En fait il était plébéien. Seule, sa mère Servilia appartint à une famille consulaire. Son père avait été tué par ordre de Pompée. Brutus aurait donc dû appartenir de naissance au parti de César, dont la mère fut d’ailleurs longtemps la maîtresse et jusqu’au bout l’amie. Pourtant, durant la guerre civile, il fut contre César, ce que les historiens expliquent par sa faiblesse de caractère, mais qui serait sans doute mieux éclairci par la cupidité de l’usurier qui craint toujours cette terrible annulation des dettes, terreur des hommes d’argent. Car Marcus Brutus était riche et avare. À ce sujet, les lettres I du livre VI, 21 du livre V, 2 et 3 du livre VI de Cicéron à Atticus ne laissent aucun doute sur les faits. D’une sordide cupidité, Brutus plaçait son argent à 4% par mois, tant à Rome que dans les États soumis à la domination romaine. Mieux, et cela éclaire ce tempérament curieux, pour garder malgré tout sa renommée d’homme