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Derrière lui, venaient dix légionnaires dont l’un d’eux jetait de temps à autre des réflexions cinglantes à l’Impérator.

— Voilà César ! Il a mis sous lui les rois et les reines, mais le Bithynien a mis sous lui César !

Et encore :

— Admirez l’Impérator, il est bon à tout ! Avec les femmes, il a l’épée, aux hommes il offre le fourreau !…

À la suite venaient les captifs, des roitelets ramassés çà et là, amis ou complices de Pompée, malheureux effarés qui, les mains liées, les pieds entravés, regardaient de leurs yeux ahuris cette foule romaine les couvrant d’insultes au passage.

Les vaincus faisaient dix rangs, gardés par des soldats choisis parmi les moins pitoyables. Au milieu d’eux, pour leur présager et rappeler le sort qui les attendait, trois taureaux noirs étaient conduits par des sacrificateurs à robe bordée de pourpre, le coutelas nu.

De la porte Flaminia, le cortège gagnait le Capitole. Là, on sacrifiait les taureaux. On descendait ensuite la pente capitoline, et par le vicus Jugarius on entrait sur le Forum. Le défilé y était lent. Une foule dense, sur les marches des temples et sur les toits criait sa joie sans répit.