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La plèbe, elle, craignait que César, qui se faisait bien attendre, ne lui accordât point ses désirs. Tout le monde était donc mécontent. Pour aggraver ce mécontentement, les amis de feu Pompée colportaient des bruits fâcheux et les familiers de César grâce auxquels, en somme, il avait pu vaincre Pompée, trouvaient que leur protecteur ne se pressait point de les combler.

Un homme comme Cicéron était surtout fort dangereux. Immensément connu et illustre, il était endetté et envieux, de sorte que tout l’irritait. Peut-être aussi l’auteur du « de Republica » pensai-t-il qu’on eût dû lui offrir le pouvoir. Ancien Proconsul en Cilicie, il avait eu en sus la sottise de prêter le trésor d’Éphèse à Pompée pour l’aider à vaincre César. Maintenant le trésor d’Éphèse était fondu et son bénéficiaire vaincu. C’était dégradant… Son gendre, Dolabella, menait des prostituées dans la chambre même de sa femme Tullia, qui en souffrait, surtout en sa vanité, car elle était belle. Elle poussait donc son père contre les débauches des nouvelles couches, lesquels étaient césariens, et méprisaient les mœurs rustiques de jadis. Quand au Dictateur intérimaire, Marc-Antoine, il scandalisait même les sénateurs qui consentaient bien, comme l’avaient fait Scaurus et