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les Romains. Il avait vu Ptolémée ce jour même et si antipathique que lui fût cet homme laid, pustuleux et semblable à un hibou, il songeait lui donner raison contre sa sœur, la Cléopâtre captieuse, capricieuse et féroce, qu’il n’avait pas aperçue encore et qu’il devinait trop étrangère à sa conception ordonnée du monde.

Il était la mi-nuit. César ne dormait pas. Son mal l’avait repris le matin même, cette épilepsie qui durant les dix années ingrates et exténuantes de la campagne des Gaules avait paru l’abandonner. Il songeait à Pompée, à sa lassitude physique, à la courtisane Citheris dont il eût aimé entendre le bavardage grec, à ses amis, à Rome bouleversée et trépidante…

Le légionnaire qui veillait dans le couloir frappa deux fois le sol, devant la porte, avec sa semelle de bronze. César dit le monosyllabe qui autorise d’entrer, et la porte bâilla. Elle était de cèdre avec un soleil d’or peint.

Le légionnaire, un vieux camarade de la lutte contre les Helvètes et les Trévires, dit laconiquement :

— La femme est là !

— Quelle ? demanda César.

— Celle qui doit voir le Consul.