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prendre des gages pour traiter, et peser sur les négociations espérées. Où est la vérité ? La prudence et la lenteur mises par César à envahir le territoire interdit semblent bien indiquer qu’il ne se risquait pas d’un coup aveugle dans la grande guerre civile. Prompt comme il fut toujours, s’il avait visé Rome, il n’aurait pas tant attendu pour y venir avec ses légions sitôt qu’il put les réunir. Pourtant, il est clair que ce Romain intelligent, et rompu à la politique, prévoyait bien que Pompée ne céderait pas. Déjà parvenu à l’âge où les opinions sont souvent trop rigides, ayant toujours été orgueilleux et obstiné, Pompée qui jouissait maintenant de toutes les faveurs dans l’aristocratie gouvernementale, résisterait jusqu’au bout à César. Donc, il fallait frapper sur lui vite et fort. César ne le fit cependant point. Je ne pense aucunement qu’il faille croire à une hésitation dans l’esprit du vainqueur des Gaules. Son énergie fut constante jusqu’à sa mort, et il agissait par calcul. Quoique l’histoire n’en dise rien, je pense qu’il comptait voir le peuple se révolter contre Pompée, tenu pour responsable de l’aventure. Alors nombre de sénateurs suivraient sans doute ? En somme, si grande que fût l’autorité du maître actuel de Rome, elle devait s’effondrer vite devant la terreur publique,