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d’aucun des dangers affrontés par le Proconsul des Gaules. Celui qui tue, sans raison ni logique, sans but et sans autre équité que son caprice ; celui-là s’attache donc un renom impérissable. Le crime possède un magnifique prestige et depuis la mort de Sylla, c’était pour Pompée une gloire certaine qu’avoir été un des agents de l’imbécile massacre d’antan. Imbécile, ce massacre, puisque, Sylla mort, tout était à refaire. Aujourd’hui et depuis des ans, Rome n’était-elle pas toujours un repaire de menteurs, de faussaires, de filous et de stipendiés.

Les massacres de Sylla ? Vanité ! Et, après tant de crimes, dire que les chevaliers, dont Sylla avait fait tuer six cents, étaient aujourd’hui avec Pompée ! Dire que le peuple, qu’on grugeait à mort pour solder les fastes des Pompéiens, aimait Pompée ! Ces affranchis, qui payaient à Pompée le triple de ce que César réclamait de ses esclaves pour les faire libres, étaient avec Pompée aussi !… Une amertume venait à la bouche de César. Mais le dilemme tragique était posé et devait être résolu bientôt : ou renoncer à trente-quatre années de luttes politiques et à la légitimé puissance qu’elles avaient apportée, ou abandonner la croyance qui soutenait César depuis l’âge de raison, et, ennemi né de Sylla,