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sées par la furie de passions sans frein. Il fit serment alors d’être toujours avec ceux qui haïraient les dictatures. Il avait tenu sa parole. La douce Cornélia ensuite serrait plus étroitement encore le lien qui l’unissait aux amis du peuple.

Et puis, l’heure était venue où lui, Caïus Julius César, serait pourtant responsable d’une guerre semblable à celle qui avait jadis mis Rome en sang. Fallait-il, en passant le dérisoire Rubicon, renier tout le passé ? Fallait-il, à cinquante ans accomplis, après une existence droite, faire comme les méprisables politiciens sans loyauté qu’on achète et qu’on vend chaque jour entre la Curie et la Basilique Æmilia ?

César remuait toutes les ombres mortes de sa vie. Ainsi, ce Pompée n’avait connu depuis de longues années que des réussites, quand lui, César, s’était usé à tourner cette meule politique qui, aujourd’hui, l’écrasait. Et la vérité, pourtant, c’est que Pompée avait jadis travaillé dans les massacres avec Sylla… Ici l’explication faisait engrener tous les raisonnements dans l’esprit de César. Depuis plus de vingt années que Sylla était mort, le renom de sa misérable énergie durait encore. Il constituait une auréole à ce Pompée, pauvre diable sans génie, qui ne fût venu seul à bout