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que César ait passé à Ravenne. Il habitait une villa construite vingt ans plus tôt pour la courtisane Terentulla, lorsque l’âge l’eût rendue à une solitude jusque-là toujours retardée. Elle avait possédé dans son lit Mucius Scœvola et Marius, Sylla et le jeune Pompée. Elle avait été plus belle que Vénus.

La villa s’attestait une demeure commode et luxueuse. Un jardin sec et odorant la complétait. Le parc comportait des viviers où l’on gardait d’étranges bêtes ramenées des pays à races jaunes, au delà de ces Indes qu’atteignit et domina Alexandre. César aimait à rêver devant le paysage véloce, fulgurant et harmonieux des poissons.

Tout autour de cette demeure, propriété de Tibullus Emptor, fils adoptif de Terentulla et gros marchand de cuir — il avait toujours été un dévot de César, — les tentes des légionnaires étaient dressées dans un ordre parfait. Sur un petit monticule ombragé, le Proconsul venait souvent regarder l’entraînement quotidien de ses soldats. On menait à la mer les chevaux gaulois et l’on s’exerçait au maniement de l’épée. Lorsque César avait assez vu ces manœuvres militaires, il redescendait dans les allées du parc. Huit jeunes filles de Gaule, blondes et sveltes, veillaient sur lui. Il avait su obtenir qu’elles espion-