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Ce n’était point suffisant, néanmoins, que d’avoir Clodius, à un politique aussi fin que César. Il gardait des ennemis cachés et redoutables comme cet Eurysace, ancien esclave, fournisseur des farines à l’État et soumissionnaire des banquets. Cet homme possédait vingt-cinq millions, et, quand tant de gloires d’antan nous sont restées inconnues, il a laissé un mausolée intact après dix-neuf siècles passés. Eurysace, comme la plupart des affranchis, était sénatorial. Il espérait même par quelques passe-droits habiles, pouvoir, acquérir une magistrature curule. Scaurus, fils d’un autre profiteur jadis marchand de charbon au bord du Tibre et devenu richissime, n’était pas non plus avec César. Il lui restait à vrai dire Antoine et Curion, de famille noble tous deux, et qui devaient lui rendre d’immenses services lors du passage du Rubicon. Pour l’instant, ils étaient disqualifiés. D’abord, ils pratiquaient entre eux l’amitié antique qui touche à l’amour et on les nommait le mari et la femme. Ensuite, ils étaient perdus de dettes. Même Antoine, poursuivi, dut se sauver en Grèce à ce moment-là.

Cœlius était encore un fidèle de César. Mais jadis amant de Clodia, sœur et maîtresse de Clodius, maîtresse de Catulle et de tant