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des courriers traîtres et une police bien faite, on saurait facilement ce qu’il pourrait concevoir de dangereux, lorsqu’il se trouverait en Espagne !

On lui accorda donc son Proconsulat sans rechigner. Il avait d’ailleurs, aux yeux de certains, quelques chances d’y mourir. Cet homme maigre, délicat et peu habitué à la vie des camps succomberait problabement à une campagne dure menée dans cette Ibérie ardue, sèche, ingrate et pleine de pièges. Tout semblait donc favoriser cet exil. Mais une fois César nanti de son commandement, il y eut une difficulté inattendue. Comme sa fortune était nulle et les risques qu’il allait courir très grands, ses créanciers s’opposèrent devant le Sénat à ce qu’il partît. Ils pensaient simplement qu’une fois en Espagne, d’où son retour était problématique, César, non seulement ne pourrait plus les rembourser, mais ne laisserait, en cas de décès, rien qui pût servir à annuler les lourdes créances qu’on avait sur lui.

César connut quelques jours d’une fureur concentrée. Il rêva de former des bandes à la façon de Catilina, et de les jeter sur ce Sénat abject composé d’hommes cupides. Seul les préoccupait en effet le problème des dettes dont ils possédaient les titres signés. Com-