Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97

ardent, que travaille une inextinguible volonté de régner. Il aimait les spectacles de la vie ; il était artiste et sensible au pittoresque des choses. Ses commentaires (ou souvenirs) de la guerre des Gaules le montrent comme un joueur de parties difficiles, très habile et désireux surtout de tirer, des réalités au sein desquelles il agit, un plaisir de succès intellectuel. Il fut toujours très maître de lui, dans la défaite comme dans la victoire, et, si cela rend plus dures ses cruautés (main droite coupée à tous les prisonniers d’Uxellodunum), ce n’en est pas moins une preuve que cet homme resta plus sensible aux satisfactions de l’esprit qu’à celles de l’orgueil. Évidemment, il ne saurait être question de le présenter comme un politicien facile à contenter. Il sentait, en 691, parce que rien ne lui dissimulait la véritable perspective des choses, que sa réussite menaçait de rester obstinément médiocre et chancelante. La Préture et le Pontificat ne le haussaient pas encore assez contre ses ennemis.

L’aventure de Clodius fit justement, par-dessus le marché, un scandale cocasse. Non sans doute par le fait brutal — car nous devons croire que bien d’autres histoires de ce genre advinrent dans une cité aussi lascive que Rome — mais par l’accroissement des