Page:Dunan - Le Brigand Hongre, 1924.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sais que les Français sont bons, et qu’au temps de Kossuth ils ont su aimer les Hongrois. Mon père m’a fait jurer de ne jamais nuire à un Français. Vous êtes la première personne que je connaisse venant de France. Mais j’ai bien vu que Kossuth ne se trompait pas.



— C’est fini ?

— Fini !

— Dis-nous comment tu es sortie de ta forêt enchantée, ô Viviane !

— Voilà ! En trois jours de marche, mon brigand me mena à Szala-Egerszeg où passe une ligne ferroviaire. C’est lui qui me permit — la guerre « marchait » déjà et on mettait tous les Français sous clef ― de voyager. Je rattrapai ensuite la ligne de Carlstadt et pus arriver à Fiume. Mon sauveur rentra dans son repaire de Bakony. Je ne sais plus rien de lui.

À Fiume, je faillis me faire « concentrer » par les sbires de Franz-Josef, empereur et roi. Quelque prison-château-fort de Carniole m’aurait permis de relire Silvio Pellico. Mais j’eus la chance, le lendemain de mon arrivée, tandis que la célèbre police autrichienne s’occupait à « épurer » Fiume, de rencontrer un descendant des Schinella, les ex-potentats de Veglia, et dont je suis un peu cousine à la mode de Bretagne. Il avait d’immenses propriétés sur la côte dalmate et jouissait de libertés précieuses. Il m’embarqua sur un petit voilier, me mena à l’île d’Ossini, puis à Comacchio, en Italie, d’où il me ramena en cabotant à Venise. À Venise, ce fut une nouvelle série d’aventures, mais ici finit mon histoire de brigands.


— Et Ida, que devint-elle, le sais-tu ?

— Non, ma foi !

— Et Atko Szegeny ?