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Il me suit et allume son briquet, puis une mêche trempant dans la conque d’un coquillage à bec.

C’est une hutte conique ayant cinq pas de diamètre. Au centre est un bloc de bois qui sert de table et au milieu duquel monte un madrier qui doit soutenir le toit.

Aux murs, deux fusils antiques, une hache et des tiges minces terminées en pointe qui doivent être des épieux.

À terre un coffre long de deux mètres et deux billots. Un foyer est ménagé face à l’entrée, fait de pierres dressées, et, au-dessus, un aménagement en cheminée m’apparaît très habilement fait pour évacuer la fumée. C’est presque confortable.

Je m’assied sur un billot. Je suis exténuée, ahurie et défaite comme un ressort détendu.

L’homme me regarde avec une amitié lisible dans ses traits mal équarris.

Il va au coffre, lève le couvercle et désigne l’intérieur.

— Dormir !

Il tire une épaisse couverture de laine qui dut appartenir au prince Effreazy. Au fond, il y a des peaux d’ours.

Je suis si lasse que j’obéis aussitôt. On est bien dans ce coffre. C’est chaud et sec. L’homme parle.

— C’est ma maison. Aucun betyar ne la connaît. Tout autour, ce sont des marécages. Il faut connaître le petit chemin pour venir. Et qui ne le connaît ne le découvrira pas.

Nous sommes loin du château. Mais pour y revenir, il faudrait affronter Atko ou ses hommes. Ma sœur française verra ce qu’il lui faut faire. Maintenant, château et environs dangereux, très dangereux…

Je me tais. Ma pensée flotte.

Mon sauveteur reprend :

— Ma sœur française est à moi.

Le mot me semble menaçant. L’attention me revient.

— J’aime…

Je le regarde avec inquiétude. Quelle déclaration va-t-il me sortir ? Je suis donc condamnée à échouer sans répit, de Charybde en Scylla.

— Oui, je l’aime. La Française devait mourir ici.

Je réponds ardemment :