Page:Dunan - Le Brigand Hongre, 1924.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant deux tiges à angle droit et agissant comme un levier. Bientôt nous traversions une vaste salle vide et muette, parfaitement propre d’ailleurs, avec quatre portes en équerre. Ida me dit :

— C’est la salle des gardes avancée du château. La grande courtine prolonge ce mur-ci. La porte que nous allons prendre a été faite depuis peu.

De fait, elle me menait à une grille de deux mètres fermant un passage voûté. Je remarquai l’entretien parfait des fiches et le graissage soigneux du métal. La serrure luisait comme si elle sortait des mains de l’ouvrier. Ida ouvrit avec une clé sans panneton. Elle rit :

— Serrures américaines dans un château hongrois !

Tant de bonne humeur me plut.

Le couloir était de trois mètres au plus, mais il comportait quatre portes. Après la grille, c’était un panneau de chêne, à peine équarri, soutenu encore par un double losange de fer, boulonné au revers et à l’avers. Derrière était une porte de bois exotique, rougeâtre, qui, ouverte, m’apparut plaquée d’un bloc d’acier poli sur l’extérieur. Il n’y avait pas de serrure. La porte de chêne commandait celle-ci. Enfin, on voyait une dernière grille, revêtue de haut en bas d’un réseau d’acier fin et serré. Elle s’encastrait de telle façon que, du dehors, on ne pouvait saisir les points d’appui.

Ida ouvrit avec difficulté, je ne vis comment, étant derrière elle. Nous sortîmes et elle referma minutieusement. Il devait y avoir un secret chiffré, mais je ne pouvais paraître m’en enquérir.

Nous étions sur un petit palier dallé. À droite et à gauche, le chemin descendait rapidement vers la forêt. En face, cela faisait un petit abîme d’où montaient, sans nous atteindre, des cimes d’arbres épaisses et tordues.

Je regardai derrière moi. Cimenté et poli, sans que fut visible la jonction de deux pierres, le mur, légèrement infléchi en arrière, montait vertigineusement. En haut, j’entrevoyais le surplomb des machicoulis. À dix mètres, de chaque côté, le mur faisait un angle.

— Bonne défense, dis-je en riant à Ida.

Elle me regarda en ricanant avec ambiguïté.

— Oui, mais ces deux sentiers et ce petit palier sont rapportés. Cela a été créé avec la porte. Un pilier porte tout, et c’est un simple ri-