Page:Dunan - Le Brigand Hongre, 1924.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de graves vérités, prétendues historiques, sont des affirmations dépourvues de bases sérieuses ! Combien serait-il urgent de rendre au fait certain sa prééminence dans les études d’histoire ? Je pus songer à tout cela et entrevoir d’étranges perspectives en feuilletant les trésors du château Effreazy. Même l’histoire ancienne, celle qui n’a que des textes bien connus, mais pourtant interprétables, m’apparut neuve à travers les documents que je trouvai. Par exemple, on enseigne chez nous que la poussée civilisatrice romaine se fit à l’ouest. À l’est et au nord de l’Europe centrale, on a coutume d’envisager les luttes des légions romaines comme purement défensives. Je l’ai lu cent fois : Rome portait ses efforts au nord-ouest et subissait ailleurs l’assaut des barbares. Quelle plaisanterie ! Les Romains civilisèrent le centre européen avant la Gaule. Leur poussée se marque par la création de camps retranchés jalonnant la montée au nord, voici Vindobona, qui est vienne, et Sicambria, qui est Bude, la moitié de Budapest. J’ai même vu, pour compléter à mes yeux les précieux textes de la bibliothèque Effreazy, les ruines de Carnuntum, qui sont proches de Presbourg.

C’est là une preuve sensationnelle de l’effort — proprement civilisateur — de Rome au bord du Danube. Carnuntum fut une puissante cité de luxe et d’art. Tout y donne idée d’un monde élégant, somptueux et heureux. Marc-Aurèle, d’ailleurs, y écrivit ses Pensées. Tibère y vécut, et aussi Septime-Sévère. Dioclétien s’y plaisait, et peu de cités gauloises ont des fastes aussi riches que cette ville morte.

Il est vrai de dire qu’alors les magyars n’habitaient point la Hongrie. On ne sait même pas exactement quelle était la race maîtresse. Et des vieux portulans inconnus en France, naïfs certes, mais savants aussi, me donnaient, par leurs étiquettes raciales, les lumières neuves qu’on entrevoit seulement aujourd’hui en interprétant les fameuses découvertes de Halstadt. Sans doute, les agriculteurs de la Putzta ancienne sont-ils les premiers hommes qui aient su cultiver le sol. Chassés par des invasions nordiques, qui s’arrêtèrent en Basse-Autriche, ils descendirent vers la mer. Les premiers habitants du rivage grec, ce sont eux. Ensuite, les hommes de Halstadt les suivent jusqu’au Péloponèse. Ce sont les Achéens d’Homère qui dévastèrent le pourtour méditerranéen. Là où ils passeront, toute civilisation disparaîtra. La Crète, plus avancée en art, en esprit, en intelligence sociale que la terrible Égypte, est ravagée par les Achéens. Repus de carnage, ceux-ci retournent enfin en Grèce pour y séjourner, car