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Le Brigand Hongre


ALORS, puisque c’est mon tour, je vais innover. Cela sera une histoire de brigands.

— Nous connaissons ça déjà !

— Nenni ! Des histoires de pirates, de voleurs, de bandits, oui ! Mais ce ne sont pas des « histoires de brigands ». D’ailleurs, presque personne ne peut avoir vécu de ces histoires aujourd’hui. La race des brigands est quasi éteinte.

— Pas tant que ça, en France même. Il y a dans les Pyrénées, le Massif Central et même en Bretagne, des individus à traditions, héritiers des pilleurs d’épaves, des aubergistes de Peyrabeilhe et autres honnêtes citoyens d’antan, auxquels le qualificatif « brigand » irait, de ce temps-ci, comme un bas caoutchouté au variqueux.

— Ta ! Ta ! soyons sérieux. Comme le paysan est laborieux, le nègre noir, le banquier ventru et le Président de Cour d’Appel hémorroïdal, le brigand est calabrais. Nous rapporteras-tu des souvenirs de l’ex-royaume où florit la reine Marie-Caroline la Napolitaine ?

— Un vrai mal napolitain, cette feu-grue de Nelson !

— Sont-ils prétentieux, avec leurs éruditions historiques ! Non, je n’ai pas tiré ça des Pouilles Calabraises. D’ailleurs, le héros d’antan, barbu, déguenillé, psoriasique, teigneux et armé d’une escopette en tromblon, avec un chapeau d’astrologue, le personnage que connut Paul-Louis Courier n’est plus qu’un souvenir. Maintenant, les brigands calabrais s’attestent des types qui ont travaillé chez Schwab, aux aciéries de Bethléhem