Page:Dunan - La Philosophie de René Boylesve, 1933.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

séduisit dans ses livres par la désespérance âcre et généreuse que j’y trouvai. Et de deviner qu’il connut, au fond de son cerveau, ses propres inhibitions de prudence, de mesure, de crainte du scandale, d’équilibre soigneux, de douce honnêteté au sens ancien, comme des vertus précieuses, mais malheureuses, me fit comprendre beaucoup de choses étrangères à la littérature. C’est de là que naquit mon désir de l’expliquer.

Faut-il ajouter à cette psychologie d’un homme célèbre d’autres traits particuliers ? Il avait le goût passionné de la phrase écrite, et le désir de l’illimiter sans cesse mieux, pour y intégrer la totalité des sensations et des réflexes mentaux qui mènent à l’expression d’une idée. Il travaillait difficilement, scrupuleusement, et pesait avec un soin minutieux les mots qu’il utilisait. Il aimait l’ironie, dont il usait rarement, mais avec une vigueur telle que la plupart de ses