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Furieuse, la jeune fille se mit à ronger les cordes qui tenaient ses poignets. Il lui fallut longtemps, et une sorte de rage féroce, pour aboutir. Mais bientôt elle eut les mains libres. Elle se mit debout, car elle était restée longtemps affaissée telle qu’on l’avait jetée sur le sol froid. Le sentiment du réel lui revint alors.

— Mon Dieu, fit-elle, si je pouvais m’enfuir.

Elle regarda son cachot. Il était carré et solidement bâti. La porte massive défiait toute attaque. Un soupirail assez long éclairait mal cette cave qui se trouvait sise dans les fondations mêmes de la chapelle.

— Sortir ! fit lentement Ioanna, sortir.

Elle regarda la porte de près. C’était évidemment très primitif comme construction. La serrure d’une simplicité barbare restait pourtant inaccessible.

Et d’ailleurs elle n’avait que ses mains.

Elle se mit à faire le tour de sa demeure, le sang à la face et tremblante d’horreur. L’idée d’avoir les yeux crevés et la langue arrachée, avant de mourir par le feu, lui semblait plus atroce que tout, et l’était certes.

Elle pensa mourir ici-même.

Mais une vitalité ardente cohérait ses membres et ses organes. Elle eut un recul à l’idée d’avouer sa défaite en se suicidant, et une ardeur effrayante lui vint :