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châtiments qui conviennent à chacun. Il était pourtant accommodant, car il professait que la vie est plus complexe que les idées que l’on s’en fait. Il disait aussi qu’un péché est rarement aussi grave qu’il le semble.

Mais une dure raison devait dicter ses actes à cette heure. Fulda était une abbaye admirable, connue partout par sa cohorte de savants, par la pureté de ses mœurs et la sérénité qui y régnait, mieux qu’aux autres monastères où des règles trop dures créaient souvent des délires mystiques redoutables.

Donc, il fallait avant tout garder intact le renom de Fulda. Or, comment faire si l’histoire de Ioanna s’ébruitait ?

Car elle s’ébruiterait. On envoyait tous les jours des moines à la ville et il y en avait sans cesse à Mayence qui vivaient près de l’Empereur.

Et quand on saurait que Fulda était le séjour de la débauche, qu’une femme y avait vécu près d’une année dans le délire des sens, on jetterait sur l’abbaye un discrédit tel que peut-être même le Pape en serait informé.

Comment éviter cela ?

Une seule action de la part du Révérendissime abbé pouvait garder à Fulda son renom et établir que s’il y advenait quelque