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— Ioanna, je provoquerais le bûcher pour te prendre.

— Je ne veux plus. Dieu nous pardonne sans doute, mais demain il ne nous absoudrait plus.

— Que m’importe grognait le soldat, chez qui l’ardeur sexuelle était une sorte de force spontanée, je te veux !

Ils luttèrent ensemble. Ioanna le mordit et se débattit.

— Non, je ne veux pas aller en enfer ! criait-elle.

Mais, durant ce combat, deux moines attirés par le bruit vinrent entre-bâiller la porte de la cellule. Ils aperçurent le frère Ioan, nu à demi, qui se défendait contre le frère Gontram pareil à un taureau furieux.

Cette lutte, on l’avait déjà vue ailleurs car les moines ne sont point sans avoir des querelles et des entretiens violents lorsque quelque mobile les fait ennemis.

Mais, sous ses vêtements levés et ouverts, ils virent surtout que le frère Ioan était une femme et que la raison de cette bataille était l’ardeur de Gontram.

Ils furent en hâte raconter la chose à tous les autres moines, et, moins d’une heure après, Gontram et Ioanna étaient enfermés tous deux dans un cachot.

L’abbé Raban Maur avait passé sa vie à établir l’importance des péchés et les