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Et elle se pâmait devant l’approche de cette violence voluptueuse, dont la honte la pénétrait pourtant.

C’est ainsi, dans les larmes et le désespoir, qu’elle vécut près d’un mois.

Mais, un jour, elle comprit que cette vie ne pouvait durer et pensa s’enfuir.

Elle s’en irait le long des routes, avec sa robe monacale qui la protégerait. Et elle gagnerait cette mer adorablement bleue que son père qui l’ignorait lui avait tant décrite.

Elle voulut demander conseil à Dieu.

C’est ainsi qu’elle l’invoqua toute une nuit solitaire, et, quoique le désir fit ardre sa chair. Elle savait que sa prière devait plaire au Créateur, ses paroles s’élevèrent donc vers le ciel comme si elles promettaient la pureté.

Mais, au matin, Gontram entra dans sa cellule.

Elle avait puisé dans la prière la force de se refuser. Elle en oubliait les pensées impies qui lui avaient souvent soufflé que l’amour dût être aussi agréable à Dieu que l’ascétisme et la chasteté.

— Non ! fit-elle lorsqu’il prétendit l’étreindre.

Il dit, remué lui aussi, car Raban Maur lui avait dit gentiment, la veille, de veiller sur sa conduite :

— Ioanna, je ne puis me passer de toi.

— Laisse-moi !