une sorte particulière d’hommage au Créateur.
Et, enfoncée dans ces idées neuves, elle s’y vautra ardemment : « Puisque Dieu a permis le plaisir, pourquoi serait-il donc mauvais devant Lui ? »
Ioanna médita des jours et des semaines sur cette idée. Elle en parlait avec frère Wolf en lisant et traduisant des manuscrits qu’on venait de découvrir près du Rhin et que la communauté seule, par ses érudits, et ses sages, serait en mesure d’expliquer.
Et frère Wolf faisait le signe de croix devant l’abîme de péché où pouvait glisser Ioanna.
— Frère, disait-il, oublie de tels pensers. Ils sont mauvais et sortis de l’âme du démon.
— Comment reconnaît-on ce qui nous vient du démon de ce qui nous est inspiré par Dieu ?
— À ce que Dieu nous envoie des idées conformes à sa loi, à ses Évangiles, à tout ce qui nous est révélé, et qui précisément permet seul de distinguer le mensonge de la vérité.
Elle le quittait alors et s’en allait à travers les couloirs sombres de l’abbaye. Elle savait trouver, en quelque coin, le terrible Gontram qui la guettait sans répit pour sauter sur elle, comme le faucon sur une colombe…