Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veines au seul souvenir de Gontram, et elle suppliait en vain Dieu de la sortir du péché.

Dieu l’abandonnait à son corps ardent et salace. Et ce corps commandait d’obéir aux appels du sexe.

Elle pleura et se punit désespérément de son vice. Elle passa des nuits dans la chapelle, étendue en croix, à répéter des mots latins qui imploraient le Créateur.

Ce fut en vain.

Lorsqu’elle se relevait, c’était comme une bacchante, et elle courait s’étendre sur son lit avec des appels farouches à l’amour.

Elle édifiait cependant tout le couvent par ses crises mystiques. Ce fut même comme un frisson, venu d’elle, qui se répandit partout et les novices eurent à leur tour des accès de mélancolie puis se châtièrent farouchement.

Le bon abbé regardait ces choses en souriant, car il savait que la sainteté est le fruit de telles mortifications et de telles angoisses. Mais il craignait un peu aussi que cela n’enlevât à Fulda le labeur régulier et paisible, qui plaisait certes à Dieu autant que la fièvre ascétique.

Ioanna ne se confessait d’ailleurs point de ses crimes charnels. Déjà, en son âme hérétique, l’amour de Dieu prenait une forme différente de celle qui inspirait le monastère.

Elle concevait l’ardeur de son corps comme