et se crut soulagée. Elle l’étendit sur elle, enleva la corde qu’elle portait sur les hanches et qui lui avait fait un sillon rouge dans la chair, puis s’endormit.
Il y avait depuis peu, parmi les moines, un ancien homme de guerre, robuste, droit et de caractère sombre, que l’abbé entourait d’une amitié protectrice, ce qui laissait croire à beaucoup que ce fût son fils.
On le nommait frère Gontram.
Il conversait parfois avec Ioanna. Elle ne savait pourquoi sa présence l’emplissait d’une sorte de trouble terreur et lui faisait fléchir les jarrets. Elle n’avait même osé confesser cette impression bizarre et crispante.
Et voilà que dans son rêve elle vit frère Gontram.
Il portait la vêture des soldats et s’approchait d’elle, angoissée, qui ne savait, la bouche cousue d’émoi, que lui dire. Elle se souvint qu’on chuchotait parmi les moines la raison qui avait mené Gontram au monastère. Il avait été l’amant de la reine Judith, la redoutable épouse de l’Empereur. Or, un jour qu’elle se refusait à lui devant les servantes, il l’avait frappée et prise comme une fille. Et elle avait juré de le faire supplicier.
Ioanna rêvait toujours et voyait mille choses inconnues, mais si profanes que sa pensée s’en effarait. Serait-elle maudite et quel lourd péché c’était que de rêver ainsi !