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— On me les enseigna.

— Qui donc ?

— Mon père.

— Que faisait-il ?

— Il était soldat au Palais impérial.

Le moine fit un geste émerveillé.

— Jusqu’ici, dans tout le pays à dix jours de marche, il n’y a pas eu sans doute dix personnes, en dehors de Fulda, qui sachent écrire. Dans le Palais de Mayence, ils sont six.

— Tu sais, toi ? demanda Ioanna.

— Je sais lire, mais non écrire. Je suis simple portier. Mais il y a des frères très savants.

La jeune fille fut présentée à un moine nanti d’une grande autorité sous celle de l’abbé. C’était le prieur. Il la regarda en silence et fit en latin :

— Seigneur, si cette venue t’est agréable, qu’il en soit selon ta volonté. Mais avec une si jolie figure, fasse en sorte que le désordre de la passion charnelle ne s’introduise point dans ta maison !

Et il fit un signe de croix, puis regarda ailleurs.

Ioanna lui parla doucement.

— Je suis ton fidèle serviteur.

— Tu es celui de Dieu.

Le guide affirma au moine peu accueillant :

— Il ne sait rien en somme que du latin