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passant venu. Ensuite congrument fouetté était-il mis à la chaîne…

On rencontrait encore bien d’autres maudits, des compagnons féroces qui tuaient pour prendre les chaussures de leur victime et des chefs de troupes qui raflaient les femmes pour choisir une proie et abandonnaient le reste à leurs soldats.

Il n’y avait ni paix ni espoir pour ceux qui ne possédaient point l’or, qui achète tout, ou la puissance qui asservit l’or, et l’Hellène hochait la tête avec souci devant ces rappels trop justes à la réalité.

Il était vrai qu’une jeune fille pauvre ne pouvait rien espérer ici-bas. Peut-être pourrait-elle entrer dans un monastère comme on commençait à en créer. Était-ce donc le but d’une vie que le vœu de chasteté et de misère ?

Car alors, adieu le voyage aux rives de la mer Orientale. Et pendant que Ioanna écoutait ces deux sagesses, le monde continuait de tourner et la vie de se détruire en se renouvelant sans répit.

Les Normands, tout catéchisés qu’ils étaient, envahirent la terre des Angles, cette grande île où Macaire avait combattu, et dont parfois il évoquait les brouillards malsains et les habitants coupeurs de têtes.

En Orient, le fils bien aimé du sultan Haroun al Raschid, le juste, allait mourir à son tour.