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Le lendemain Macaire retrouvait Ioanna et la prenait sur ses genoux.

— Tu as l’air las et mécontent ? dit la femme à l’arrivant.

— Oui. Je ne suis plus que l’aventurier que j’étais il y a trente ans. On a voulu me tuer au Palais.

— Tu n’y retournes plus ?

— Certes non. À quoi bon aller au-devant du supplice.

— Tu restes avec moi ?

— Si tu le veux, si je puis et si on ne devine pas où je me suis caché.

— Nul ne le saura, car tu es prudent et tu es toujours venu seul.

— Oui !

Ainsi un homme de la noble famille des Bactriades, qui avaient dominé en Hellade bien des siècles plus tôt, redevint un misérable fuyard après avoir servi dignement deux Empereurs occidentaux.

Et les années coulèrent.

Personne ne soupçonna une présence mâle dans cette demeure isolée qui jouissait encore une étrange renommée maléfique, née on ne savait pourquoi.

Seuls des soldats venaient de temps à autre boire une cruche du liquide fermenté que préparait la femme. Elle vendait aussi son corps. D’ailleurs, la vie était assurée par d’habiles rapines dans les champs durant les