Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait, de ce chef, être question de le faire régir par d’autres mains que celles des prêtres.

Louis savait bien tout ce qui pouvait être vrai dans de telles affirmations, mais il ignorait moins encore le caractère indocile de ses troupes, leur paganisme secret, leur indifférence aux saints mystères.

Et, sans soldats, les roitelets que son père Carloman avait si bien su dominer reparaîtraient bientôt dans le but de se tailler des principautés à leur gré. Pour leur défense, d’ailleurs, ils enrôleraient aussitôt des troupes issues des légions que gardait déjà difficilement l’Empereur.

Judith pénétrait toutes ces choses et plus encore. Elle avait tout un réseau d’espionnage autour des fils de son mari et de lui-même. Aussi son inquiétude fut-elle grande lorsqu’il fut en route vers Mayence.

D’abord, il fallait éloigner les témoins de ses débauches.

Elle les fit presque tous réunir et on les emmena vers le nord, à la conquête, promettait leur chef, d’une ville pleine d’or et de belles filles. Aucun ne revint jamais.

Mais le chef hellène refusa de partir.

La Reine pensa qu’il voulut dire à l’Empereur, dès son retour, les scènes dont il avait été le protecteur armé. Elle pria un soldat de Bavière, son amant, de tuer l’étranger qui savait trop de choses.