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et fait aveugler. Il régnait ensuite quelques années, détrôné par Staurace, que presque aussitôt, Michel, dit le Curopalate, dominait. Son rapide successeur, Léon, était un Arménien. Ensuite ç’avait été Michel le second, un malheureux bègue qui vivait dans les orgies et la dévotion. Depuis une année, c’était Théophile et sans cesse la querelle des adorateurs et des ennemis des images ensanglantait l’Empire, faisait et abolissait des empereurs.

Toutes ces histoires divertissaient la reine Judith.

Le Grec disait cependant cela avec tristesse. Il désespérait désormais de revoir les pays où l’on parle la langue hellénique. Il interrogeait soigneusement pourtant les hommes qui revenaient de là-bas les soldats en fuite, les esclaves qui rapportaient de Constantinople l’essorillement ou un œil crevé. C’est ainsi qu’il savait tout mieux qu’un clerc. Les prêtres le haïssaient de le supposer en relations avec le démon, car sa mémoire leur apparaissait surnaturelle.

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Dans la demeure forestière, Ioanna grandissait lentement. Elle parlait bien. Une sorte de fière douceur animait sa parole. Une devineresse passant par là, et qui la rencontra, lui prédit même qu’elle serait un jour l’égale d’un empereur.