Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sorte qu’on venait le chercher lorsqu’il s’agissait de remettre d’accord deux soldats qui voulaient se tuer.

Cependant on le soupçonnait de rester païen. Certes, les incroyants étaient nombreux, dans ces troupes de hasard, qui ne sacrifiaient point au Dieu en trois personnes que propagent des prêtres aux paroles éloquentes. Mais lui paraissait garder une autre foi dont il ne parlait jamais, et on le craignait pour cela. Peut-être son dieu était-il ce diable maudit qui veut tant de mal aux hommes, d’après les évêques.

Les années passèrent. Le soldat alla une fois à Paris, et il fut à Attichy, lorsque son roi Louis, fils de Carloman, y fit pénitence. C’étaient sans cesse des heurts et des combats secrets entre les membres de la famille royale. Louis, Empereur, que l’on nommait le Pieux pour sa bonté et sa simplicité de vie avait été élevé durement par sa mère Hildegarde. Aussi, dès ses quinze ans, s’adonna-t-il par réaction à la débauche. On le maria avec Ermengarde à seize ans pour éviter ses débordements. À dix-sept ans, il eut son premier fils Lothaire. Ensuite lui vinrent Louis et Pépin, du vivant même de Carloman. Le grand Empereur prévoyait justement les misères que causeraient les querelles entre ses trois petits-fils, car leur père, en vieillissant, se trouvait devenu puéril et craintif.