Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il revit la demeure lugubre et solide et admira le petit enfant qui florissait allègrement.

— Tiens ! dit-il à la femme.

Et il lui tendit quatre pièces d’or.

— Tu es donc riche ?

— Non, mais je veux que tu saches mon désir de te voir toujours soigner ma fille et la protéger.

— Ne crains rien, elle me plaît aussi.

Il s’en alla ensuite, fort heureux, et revint peu après. Il redoutait d’être obligé de prendre parti dans la lutte engagée entre deux petits-fils de Carloman, Louis et Lothaire. Déjà les exigences du second, soutenues par des troupes d’aventuriers solides, l’avaient fait deux ans plus tôt associer au trône. Mais il s’insurgeait déjà contre tout ce qui limitait son orgueil.

Dès lors, la fillette grandit en paix. Celui que maintenant elle nommait son père, restait parfois deux mois ou plus sans reparaître. Il bataillait dans l’Est, et, une fois, passa même le Rhin pour une expédition où cent Saxons furent décapités. Il redescendait aussi parfois vers le sud jusqu’aux collines élevées que l’on nomme l’Alpe. Les autres soldats l’aimaient pour sa profonde connaissance de toutes les ruses employées en guerre et la sérénité de son esprit, qui ne connaissait pas la colère. De