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et haletants et ses jambes, disjointes, qui s’étendaient alternativement et se relevaient sans répit.

Le soldat, ému et bouleversé, se demanda comment il pouvait intervenir.

La femme tourna soudain la tête vers lui. Ses cheveux noirs, poissés de sueur, lui couvraient à demi le visage. Elle ouvrait la bouche et cherchait l’air comme au sein d’une agonie désespérée.

Brusquement elle se prit les seins et jeta un cri sanglotant. Ses reins se creusèrent. Arquée sur les talons et la nuque, elle parut possédée par toute la douleur humaine.

Son appel de fauve emplit le monde. Sur sa jambe droite qui vint, nue, se détendre devant le Grec horrifié, les muscles oscillaient seuls et avaient des contractions rythmiques. Enfin elle s’affaissa avec un gémissement et se tut.

En même temps, une large flaque de sang coula devant l’homme, suivit les dénivellations du chariot, et goutta à terre sur la route.

La femme, muette, était devenue couleur de craie.

Mais un cri léger, un petit soupir minuscule, emplit soudainement l’air. Tremblant d’impuissance, de sympathie même, malgré sa dureté de soldat, l’homme se hissa dans la misérable voiture et vit l’enfant. Il hésita.