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Le soldat s’était retiré avec souci. Certes, il ne voulait point quitter le harnois modeste qui lui permettait de vivre selon son gré, malgré les exigences du service. Et puis, devenir le chef des guerriers qui gardent le palais impérial ne le tentait aucunement pour d’autres raisons. Il y avait, dans cette immense série de bâtisses, les unes de pierre les autres de bois ou même de torchis, des débauches perpétuelles et des vengeances barbares. Les filles de Carloman vagabondaient avec des officiers de toutes races, avec des bourgeois de Mayence et même avec des tonsurés audacieux et sans pudeur.

Imma, par exemple, n’était-elle pas la maîtresse, entre tant, du secrétaire Eginhard ?

Au demeurant, l’exemple venait de haut. Pourquoi Carloman ne voulait-il pas marier ses filles, toutes en âge de prendre époux et de devenir mères ; mieux même, qui attendaient ce moment avec une visible passion ?

C’est, chuchotait-on, que l’Empereur ne reculait point devant l’inceste, et que la nuit le voyait errer dans les pièces du gynécée, à la recherche de la chair de sa chair.

Certains ajoutaient en secret que, pour cela, l’évêque Théodore était disparu un beau jour sans qu’on sût ce qu’il avait pu devenir. Il avait surpris Carloman avec une de ses filles et l’aurait excommunié et maudit.