Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aspirent une gorgée du vin consacré. Il est également d’or et se tenait debout dans un calice d’argent.

Ioanna cependant tremblait de douleur, et chacun pouvait suivre son angoisse comme une preuve de dévotion ardente, d’inspiration divine et de mysticité.

Mais c’étaient les douleurs de l’enfantement.

Son cheval tenu à droite et à gauche par six cordons de soie aux mains de six prêtres fidèles avançait avec trop de lenteur. Les psaumes roulaient sous le ciel d’avril et parfois un des dignitaires jetait une phrase latine qui résonnait, et que redoublaient cent voix fraîches d’adolescents.

Ioanna, les mains abandonnées, les yeux presque clos, tendait toute son énergie pour aller jusqu’au bout de ce supplice. Elle sentait son ventre éclater, ses cuisses étreignaient la selle avec violence et la houle des crispations musculaires destinées à évacuer l’enfant allait en croissant de minute en minute.

Elle murmura :

— Mon Dieu ! Mon Dieu !…

Des paroles privées de sens tournoyaient dans sa tête vide. L’immense tumulte de la procession se répandait en elle comme un appel de mort et elle n’avait plus la force de soulever la main pour bénir.