Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des mois. Elle pensa fuir en secret et disparaître en se vêtant en mendiante. D’autres fois, elle faillit faire venir une avorteuse célèbre. Mais les impossibilités de tant d’actes désespérés apparaissaient vite. Ioanna avait dressé autour d’elle un mur de protection si solide et si savant qu’elle n’en pouvait elle-même sortir désormais.

Elle passa des nuits misérables à pleurer et crut parfois que c’était le remords de ses fautes. De là lui vint une nouvelle fièvre de foi et de contrition. Sachant l’impossibilité de se confesser à un prêtre, elle se confessa à Dieu et suivit des pénitences folles qu’elle croyait ordonnées par le ciel.

Puis son humeur changea. Elle s’éloigna de la religion et chercha un autre Dieu à invoquer. Elle pria successivement toutes les divinités connues, et son affection revint à celles de l’Olympe hellénique. Ioanna pensa qu’elles la punissaient de son infidélité.

Le temps marchait cependant et elle sentait son enfant peser sur ses lombes, alourdir sa marche et troubler le fonctionnement de ses organes.

Elle se mortifia, espérant ainsi chasser cette vie acharnée à la perdre au fond de sa chair. Ce fut en vain. Il semblait qu’une volonté inexorable la menât au bout terrible de son destin de femme ayant usurpé un pouvoir surhumain.