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pour la table des notables, et ce fut un beau tohu-bohu dans Rome.

Ensuite elle interdit aux évêques d’avoir des équipages de chasse, comme certains qui poussaient même bien plus loin le goût, tout en étant d’Église, de suivre les plaisirs séculiers. Elle signa d’importantes bulles pour régler la vie dans les monastères et fit brûler vifs trois moines de Prum qui avaient violé une bergère.

C’est alors que le plus terrible souci remplaça tous ceux qui la harcelaient et qui lui semblèrent désormais des ombres.

Elle se découvrit enceinte.

Gontram, avant de mourir, l’avait donc fécondée, le jour tragique où il la possédait durant l’audience si atrocement close.

Ioanna eut une crise de fureur et de haine qui la tint trois jours au fond de son palais, sans que personne ou presque pût la voir. Ensuite elle reparut, mais chacun nota son regard dur, ses gestes nerveux et ses paroles rares.

On pensa qu’un poison lent agissait, administré par Benoît, prêtre de Saint-Calliste, qui ambitionnait de succéder à Jean VIII. Cependant Ioanna vivait toujours. Elle suppliait Dieu sans répit de libérer du faix qui grandissait dans ses entrailles et qui devait, sans nul doute, causer sa perte.

Mille projets étranges la hantèrent durant