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jamais les délices de la chair, elle fut hantée par les souvenirs de sa vie aventureuse et rêva sans cesse des scènes d’amour qu’elle avait jadis vécues.

Ce fut un âpre débat au fond de cette conscience murée.

Une voix insidieuse lui disait que s’abandonner à quelque homme de sa suite, en le tuant après, n’aurait aucune conséquence et la soulagerait de sa hantise.

Elle souffrit de ne pouvoir confier à personne le combat farouche que se livraient sa volonté et son désir. Si elle eût eu un ami, un confident, la chose aurait sans doute cessé de ravager sa conscience. Mais obligée de celer tout au fond d’une pensée hermétique, elle connut maintes fois la peur de verser dans une sorte de folie.

Elle recommença de croire en Dieu. Une vague mystique la ressaisit et elle édifia tout le monde par les marques d’une dévotion exaltée. Les temps où, à Fulda, elle sentait vraiment la foi inonder son cœur comme un dictame, reparurent et la remplirent de voluptés.

Elle s’émacia et devint plus dure contre les prêtres débauchés, contre les évêques simoniaques qui pullulaient, et contre les dignitaires épris de luxe et de sybaritisme.

Elle décréta des limitations alimentaires