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données à des chiens. Toutes ces réformes étaient faites sans nul bruit, mais inquiétèrent les dignitaires qui y voyaient une atteinte à leurs droits.

Car il était admis, dans le monde ecclésiastique d’alors, que supprimer le Pape était véniel et souvent même utile à l’Église.

Ioanna pensa ensuite se créer des amis. C’était, on peut le dire, le plus difficile. Elle avait pendant des années vécu à Rome dans le souci presque exclusif de ne point être reconnue, et cela donnait à ses actes une sorte de brusquerie amère et une froideur qui éloignaient les gens.

Pourtant, dans son poste souverain sur l’Église chrétienne, il fallait se faire des fervents, ne serait-ce que pour être informé de tout ce qui se tramait, pour éviter les traîtrises, les émeutes longuement préparées, et les révolutions de palais.

Ioanna prit le parti d’abord de choyer les anciens amis de Léon IV et de tenter de se les rendre fidèles. Elle les couvrit d’or et leur passa mille extravagances de luxe ou de débauche sans protester, alors que son prédécesseur lui-même et quoique ce fussent là ses fidèles ne laissait pas de les rudoyer pour quelques abus.

La besogne apparut vite vaine. Ioanna avait trop vécu et connaissait trop bien tous les visages de la trahison pour ne pas voir que