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Ioanna fut, les premiers temps, grisée par sa propre gloire. Elle crut vraiment que Dieu avait voulu, femme, en faire une Papesse pour sauver les humains et changer tant de misères qui règnent sur la terre du fait des hommes…

Elle demeurait dans un palais incommode et somptueux, bâti derrière l’abside de la Basilique de Saint-Pierre. Là se pressait tout un peuple de serviteurs, parmi lesquels certes les traîtres devaient foisonner, et les empoisonneurs, et les païens. Sa chambre était sise en bas, parce que Léon IV aimait peu à monter les étages, mais Ioanna la transféra au sommet de l’édifice.

Il était très difficile de rien dissimuler de soi à cette cohue de domesticité exigeante et familière qui entrait à tous moments et s’offrait, pour aider le Pape à accomplir les actes les plus intimes, même ceux qu’il semble indispensable de ne mener à bien qu’en solitude.

Ioanna eut besoin de toute sa volonté et de réfléchir devant chaque chose à accomplir pour ne rien trahir d’elle-même.

Au début on voulait la dévêtir pour la coucher. Elle dit que d’entourer son vicaire d’un tel luxe, c’était humilier le Christ qui dormit dans une étable. Les serviteurs furent congédiés. Ioanna ne le fit point sans leur donner des gratifications et des grades.