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tous désirs vaniteux, il fallait que ce fût une femme…

Ioanna laissa ainsi flotter sa pensée sur les mille avenues de cette idée surprenante qu’elle était élue Pape, et, finalement, décida de gagner Rome.

Elle se vêtit d’une robe neuve que l’entremetteuse sa protectrice lui avait offerte pour séduire. On voyait paraître les seins avec une précision tentante et une fente, de chaque côté des hanches, pouvait durant la marche donner des aperçus charnels aux passants.

Ioanna mit tout cela sans méditer et s’apprêta à descendre. Comme elle était au rez-de-chaussée, elle rencontra sa sauveuse :

— Enfin, te voilà guérie, Ioanna. Je le savais, et j’avais même pris sur moi de te convoquer aujourd’hui un amant qui aime les filles viriles comme tu l’es.

La jeune femme dit doucement :

— Je reviens dans une heure. Il me faut un peu prendre l’air.

— Ne t’attarde pas. Il va venir dans un instant. Si tu crains de souffrir tu useras d’une finesse pour le satisfaire, n’est-ce pas ?

— Je n’y manquerai pas !

Et Ioanna s’en alla.

Elle tâtait, au fond de sa poche, quelques pièces d’or qui devaient lui permettre d’ache-