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non de mâles mais de femmes. Certaines apparaissaient même d’une beauté si parfaite que l’on se demandait comment elles pouvaient être privées d’amour.

Enfin Ioanna vit la vieille qui la regarda un instant et lui proposa un prêtre connu d’elle.

Ioanna refusa.

Et, au matin proche, elle dut rentrer dans sa demeure, toujours insatisfaite, furieuse surtout de voir que le plaisir, qui courait après elle jadis, semblait désormais la fuir.

Ainsi va le monde que les bonheurs matériels vous délaissent si vous les pourchassez.

Près d’une année passa, Ioanna recommença souvent à se vêtir selon son sexe pour trouver une joie qui de plus en plus la hantait. Mais le danger était trop grand.

Enfin elle se fit envoyer par le Pape à Naples.

Elle pourrait sans doute, dans cette ville, la plus chaude de toute l’Italie, trouver ce qui calmerait son âcre désir. Elle partit donc sur une mule, ayant refusé l’accompagnement qu’on lui proposait.

Le soir elle coucha dans une misérable hôtellerie, où les filles abondaient, repartit le lendemain, et, cachant dans un endroit bien choisi et repéré son costume de prêtre, se vêtit en femme pour aller à la conquête de l’amour.

Une troupe de soldats qu’elle rencontra