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Car la chasteté tend vers la passion religieuse toutes les forces de l’âme et crée ces ferveurs ardentes, dont le Christianisme avait le plus besoin.

Mais il y avait cet obstacle que les ordres trop impératifs faisaient perdre au Pape ses meilleurs lieutenants si on prétendait leur interdire des concubines, ou alors cela créait des débauches secrètes dont l’opinion publique romaine se gaussait. Ce scandale nuisait donc à la gloire d’une religion qui avait encore besoin du peuple, quoique les rois et empereurs lui fussent soumis.

Seul dans son rôle souverain et voyant de haut toutes les données du problème, le Pape percevait avec certitude le contrecoup de ses décisions. Il aurait voulu le prêtre dévoué à l’unique développement du Christianisme. Mais ce n’est pas sans un serrement de cœur que pour imposer la vie sans femmes il aurait chassé de son entourage tant de dévouements audacieux et solides, que la salacité publique seule pervertissait.

Rome vivait en somme dans le même état que sous le paganisme. La chasteté était de règle, mais, comme en tant de sociétés depuis lors, la règle ne réclamait au vrai qu’une approbation verbale et laissait les actes en dehors de ses vues toutes théoriques.

C’est pourquoi il y avait tout un peuple de prostituées, dans Rome, et dont un grand