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d’aller et venir avec le visage couvert d’un pan de tissu noir recouvrant le chapeau. C’était très commun chez les dignitaires du milieu papal.

Au vrai, nul ne se masquait ainsi dans le commun peuple, mais Ioanna, de ce chef, donna précisément l’impression qu’elle pouvait se permettre des actes réservés aux seuls notables de la Basilique. Cela ne laissa point de lui donner une nouvelle autorité. D’ailleurs, par un effet de sa netteté intellectuelle, de sa décision, de sa volonté toujours tendue et de sa manière si claire de résoudre les questions qu’on posait devant elle, Ioanna devint tôt une des personnalités romaines les plus attirantes et les plus renommées du moment.

Elle parlait de plus six langues, dont l’arabe et le bulgare. On avait donc souvent besoin d’elle pour introduire des pèlerins devant Sa Sainteté.

Ce fut, pour cette jeune femme puissante et éduquée par une vie aventureuse, un temps de vie heureuse et digne. Certes elle ne se sentait pas entourée, comme à Athènes, de tout ce que l’esprit pouvait avoir produit de supérieur dans le désintéressement complet de cette science hellénique qui ne songeait qu’à la joie de penser.

Tout autour d’elle ce n’étaient en effet que combinaisons subtiles et compliquées