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gardait une femme du nord, très belle et peu chrétienne.

L’ami de Ioanna reconnut, car il ne mentait jamais, qu’en effet la maison hospitalisait depuis quatre années une jeune personne venue de loin, mais de race hellénique.

Pour quant à sa religion, elle était celle de tous les Grecs et elle ne faisait en tout cas nul scandale.

Le moine se retira sans rien dire de plus, et Ioanna sentit qu’un danger nouveau menaçait son destin.

Trois jours passèrent.

Le quatrième, il était tôt, et le soleil encore bas sur l’horizon, lorsqu’on appela à la porte de la demeure.

Il y avait là quatre moines et six soldats commandés par un officier portant l’uniforme des cataphractaires de Byzance.

L’officier demanda la femme qu’il nommait Ioanna, de Fulda, condamnée à une mort ignominieuse pour s’être introduite en un couvent et y avoir vécu dans le libertinage le plus obscène. Il montra un ordre venu de Mayence, contresigné par l’impératrice Théodora et par lequel il fallait crever les yeux de la femme puis l’envoyer en cet état au monastère de Salonique. Le jeune homme referma la porte au nez des moines et des soldats puis courut avertir Ioanna.

— Que faire ? dit-elle angoissée.