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tant de drames étranges et irracontables, lui faisaient dans sa culture et son intelligence une âme plus barbare et plus active. Le plaisir d’apprendre l’emplissait d’une sorte d’ivresse. Elle ne pleurait jamais sur le destin présent, mais il lui semblait que sa vie à elle emplissait vraiment le monde et que le reste fût indifférent.

Elle apprit l’hébreu, pour pouvoir lire et commenter de très anciens livres que possédait la famille où elle vivait. Elle eût appris la langue des hommes de race jaune et celle des cyclopes si on eût pu les lui enseigner.

Mais ce savoir que Ioanna amassait ne la lassait point du plaisir sensuel.

C’était là le sujet de la grande admiration que lui portait son protecteur. Il la regardait vivre avec une façon de stupeur. Il croyait parfois qu’en cette femme, d’un esprit si merveilleusement délié, d’une sensibilité si étonnante, et d’une sensualité irrassasiable, s’incarnait peut-être une déesse du vieil Olympe, venue voir comment les choses advenaient chez son peuple élu.

Et la jeune Athénienne, qui l’assistait dans ses lectures et ses recherches, ressentait devant Ioanna une stupeur vraiment divine à son tour.

Dépourvue de toutes les pudeurs que le monde tenait des partisans de la nouvelle religion, elle regardait avec amusement cette