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— Non pas. Je désire vous connaître.

Il la regarda avec attention.

— Où avez-vous étudié notre langue, et d’où êtes-vous ?

— C’est mon père qui me l’apprit. Il était Athénien, quoique les siens eussent quitté cette ville depuis trois cents ans.

L’homme était resté debout, il s’assit a côté de Ioanna.

— Quel était son nom ?

— Il appartenait à la famille des Bactriades.

Le Grec fit un geste.

— Je sais. Son sort est celui de bien d’autres Hellènes, et nous sommes ici très peu dont la race soit pure. Bientôt il n’y aura plus d’Athènes ni d’Athéniens.

Ioanna le regardait avidement.

— Le monde vous reviendra un jour.

— Non. La marche des choses est incertaine, mais ne repasse jamais deux fois aux mêmes lieux. C’est vers le nord, sans doute, que des races neuves et ardentes rallumeront le flambeau. Notre rôle est fini. Qui sait si, quelque jour, une invasion ne finira même pas d’extirper du sol grec tout ce qui est hellénique. Alors ce sera l’oubli pour nous.

— Mais vous gardez, fit-elle, le secret du savoir et de l’intelligence.

— Les hommes n’ont ni besoin ni désir