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L’Acropole athénienne.

Se souvenant de ce que son père d’adoption lui avait tant conté, des souvenirs que des siècles d’errances à travers le monde n’avaient point effacé en la mémoire des siens ni en la sienne, Ioanna retrouva le geste des chrétiens pour adorer et se mit à genoux.

Elle pleurait et se frappait le front sur les madriers du pont comme si vraiment elle retrouvait la terre ancestrale, comme si s’ouvrait devant ses yeux un prodigieux paradis.

Et là-bas, les maisons du Pirée blanchissaient autour d’une anse de sable roux. Les collines de l’Attique emplissaient les horizons de leurs courbes aux noms immortels. L’Acropole, témoignage ultime d’une race qui avait pensé pour le monde, s’érigeait délicatement, avec ses colonnes et son architrave triangulaire, sur un ciel d’un bleu parfait.

Ioanna descendit au Pirée et accompagna Phormios chez un armateur romain qui le reçut avec un air dédaigneux. C’était un chrétien et il avait collaboré à la destruction des derniers temples païens que le peuple invinciblement voulait adorer. Il méprisait très visiblement les êtres enfoncés dans cette religion de l’Olympe qui disparaissait peu à peu sous les efforts des catéchiseurs. Encore les Empereurs byzantins, maîtres