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s’en lasser, les perspectives dont elle avait rêvé toute son enfance et qui se trouvaient désormais devant elle comme une vivante forme du bonheur.

Elle admirait avec une joie totale et parfaite.

Ô crasse des moines de Fulda et actions médiocres accomplies sans joie pour un lointain créateur, comme vous étiez loin de cette pensée jeune et enthousiaste qui ne pensait qu’à aimer le ciel, la mer, les barques, le rude langage des nautes et tout ce qui passait devant ses regards ! On voyait souvent apparaître au loin, sur les ondes lourdes, une tache violette ! On s’approchait. C’était alors un décor transparent aux nuances multiples.

Plus près encore on distinguait l’ocre des terres, la verdure des arbres et les cubes blancs des maisons.

Enfin on trouvait une grève et on s’arrêtait au plus près. Les matelots descendaient à terre en jouant et en riant comme des enfants. Ils allaient chercher de l’eau à quelque source, ils partaient acheter quelque gibier, ils couraient après quelque satisfaction amoureuse que les filles de l’île ne refusaient jamais. Et la nuit tombait. On dormait sur le sable où il faisait moins chaud que dans la barque…

Au matin, on se levait, la joie régnait.