Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais ceux qui le servent, criait-il très haut. Phormios est connu sur toutes les mers et dans tous les ports pour un honnête homme.

Il se pencha :

— Tu n’es pas, hein ? de la religion de Christos car ces gens-là ont démoli et brûlé les maisons sacrées de Delos où nous étions grands prêtres depuis des temps innombrables, et je ne veux jamais de chrétiens dans mon équipage.

Elle fit un signe négatif.

— Viens vite, car on te surveille. Je connais la police de cette ville, où l’on n’a guère de goût pour les jolies faces comme la tienne si elles ne sont pas dans un gynécée.

Ioanna le suivit. Elle passa sur une planche qui réunissait un appontement chancelant au bateau balancé doucement par le flot.

Elle se demandait si cette aventure allait tourner comme celle qui l’avait menée de Marseille au harem d’un dignitaire du vaste empire d’El Mamoun, sultan de Bagdad et d’Islam.

Mais à quoi bon se questionner sur l’avenir. La vie répond seule à toutes les interrogations des curieux, et le mieux est encore de l’accueillir avec tout ce qu’elle apporte de mal ou de bien.

Ioanna n’avait plus aucun des préjugés moraux que le séjour à Fulda avait jadis